Georges Monin

J’aime Sylvie Fortin, n’entendez pas que je l’aime comme je le dirais de Claude Lorrain ou de Raoul Dufy, non, je l’aime d’amitié.

J’aime sa gentillesse, sa simplicité, son sourire affectueux, le charme de ses yeux rieurs… et naturellement son talent.

Il me faut lever de suite l’équivoque qui s’installerait dans l’esprit d’un observateur superficiel : le style de Sylvie s’apparente aux natures mortes du XVIIIe siècle. C’est là un choix délibéré, comme celui d’un auteur contemporain d’écrire en bon français.

Mais regardez maintenant sa peinture avec des yeux neufs, vous découvrirez qu’il n’y a rien dans ses tableaux qui les apparenteraient à ces poncifs guindés.

Les vocabulaires se ressemblent, mais la phrase est légère, sensible ; la touche subtile, évocatrice ; le geste maîtrisé, élégant ; la composition dense, complexe ; la palette savante, harmonieuse.

Je vais vous dire ce qui différencie les artistes des « travailleurs », ceux-ci vous éblouissent un moment par leur technique, mais après quelques jours leurs procédés vous sautent aux yeux. Le sujet qui semblait séduisant devient ennuyeux et lasse le regard.

Dès lors, quand se superposent aux métiers la sensibilité et l’émotion, le tableau vous offre alors une présence, un dialogue, une amitié.

Essayez avec Sylvie Fortin, vous verrez que ce n’est pas un tableau que vous aurez chez vous, mais un peu de son coeur, et c’est beaucoup.

Georges MONIN